Communauté apostolique Saint-François-Xavier

Jean-Marie Lustiger à la merci des passants

memorial LustigerPassants, priez pour moi...

Ce sont les dernières paroles publiques de Jean-Marie Lustiger. Très peu de temps avant sa mort il avait pris le soin de dicter à un proche, dans le plus grand détail, son épitaphe-testament, destinée à être apposée, selon son désir, sur un des piliers de la cathédrale Notre-Dame de Paris où il devrait désormais reposer.
Là tout était dit : le cardinal brillant, l'académicien, célèbre par bien des côtés, et pas seulement parce que c'était un juif « converti » comme on l'a dit à tort, et parce qu'il allait durablement faire la une des médias...l'homme d'action, le « cardinal prophète », présent à tout et à tous, avait finalement une seule chose à nous léguer : la confiance en la miséricorde de Dieu et en la prière de ses frères les hommes.
Certes l'inauguration récente du « Pont Jean-Marie Lustiger », à l'ombre de sa cathédrale, rendait bien un hommage public au « cardinal républicain » : un pont, entre le quartier latin et l'Ile Saint-Louis, entre la culture et la foi, entre Juifs et Chrétiens...Mais un pont n'est après tout qu'un lieu de passage. On ne s'y arrête pas, on ne fait que le traverser...
Le mémorial Jean-Marie Lustiger, qui vient d'être inauguré à Abu Gosh donne le même message. Le personnage s'efface devant son créateur. « Jean-Marie Lustiger cherchait plus à aimer Dieu, les Écritures, qu'à être aimé » disait avec tant de justesse le père Charles Galichet, père abbé du monastère, en ouvrant la cérémonie. De fait ce n'est pas de lui que parle le mémorial. Une modeste pancarte, sur fond vert –on est à la campagne- indique la direction. On entre alors dans un jardin, très bien agencé par l'architecte israélien, le professeur Efrat-Kowalski. Et ce qui frappe d'abord c'est la beauté du jardin : les arbres, les fleurs, l'eau qui coule –eau verte encore- le chant des oiseaux, la belle pierre de Jérusalem : le jardin est une succession de terrasses... De quoi décourager tous les amateurs de photos : on ne peut pas tout embrasser sur un seul cliché, sauf du ciel : un symbole...
De Jean-Marie Lustiger que voit-on ? Sur la première terrasse, qui pourrait servir de podium, lors de rencontres, des citations du cardinal, en français, en hébreu et en arabe, trois langues pratiquées à Abu Gosh, village musulman israélien sur une terre française. Des phrases dont certaines ont un caractère universel, telle celle-ci : « La foi, c'est d'accepter d'être choisi par Dieu, ce n'est pas choisir Dieu », d'autres davantage liées aux questions qui lui étaient chères : l'antisémitisme, la rencontre des religions... Mais - et c'est là tout un programme : elles ne sont pas signées ! Elles sont placées là, sans aucune référence à un texte, un discours, une interview...Pas de date non plus. C'est le lot de toute œuvre destinée à une postérité : elle n'appartient plus à son auteur, elle est livrée à la postérité, pour être revisitée par d'autres.
Bien sûr, à la terrasse inférieure dans une très belle calligraphie, sur fond vert également, la reproduction textuelle, dans les trois langues, de la plaque de Notre-Dame de Paris.
Rien de plus !
Ainsi ce jardin me semble être un hommage non pas au cardinal Lustiger mais à son Créateur. Dans ce très beau lieu qu'il faudrait pouvoir traverser en silence, s'élève en mon cœur un chant 'Que tes œuvres sont belles !' Belles, grâce à l'architecte, à tous les corps de métier qui y ont œuvré, aux céramiques des moines aux couleurs chaudes et variées, qui brillent sous le soleil. Travail de l'homme et de la terre...Ainsi ce mémorial–jardin ou ce jardin-mémorial est ouvert à tous, sous le même soleil. Tous auront accès à ce lieu ouvert et y trouveront leur place, s'y trouveront « bien »
Après les gestes de nos derniers papes, Jean Vingt-Trois, Paul VI, Jean-Paul II, avant la visite du pape François en Terre Sainte au printemps prochain, Jean-Marie Lustiger s'inscrit dans la longue lignée des hommes de bonne volonté pour qui l'avènement de la paix sur notre terre n'est pas un vain mot, même si toujours en avenir. Un avenir qui nous appartient, à chacun de nous, dans ce court instant qu'il nous est donné de vivre, dans le temps de l'histoire.

Marie-Christine Trogan, sfx

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