Le village de Taizé est le lieu d’une communauté à laquelle bien des liens nous rattachent depuis longtemps. Il a été pendant une belle semaine d’août celui d’une rencontre aussi improbable qu’inoubliable. En ces jours où la violence aveugle des armes et le mensonge institutionnalisé font à nouveau de l’Ukraine une « terre de sang », Constantin Sigov, ami de longue date de SFX, et six des collaborateurs ou proches de sa maison d’éditions à Kiev, L’Esprit et la lettre », sont venus y passer quelques jours avec leurs amis français.
Le propos était simple : goûter la joie de se revoir après ces mois douloureux et menacés, prier pour leur pays, partager un temps de paix et de consolation spirituelle. Nous avons vécu ces choses au rythme de l’accueil d’été qui rassemblait des centaines de jeunes venus de toute l’Europe, et en particulier, cette semaine-là, un groupe important de jeunes orthodoxes d’Egypte, du Liban et des pays de l’Est. Quelques amis proches de Constantin étaient présents : Mgr Didier Berthet, Anne-Marie et Jacques Pelletier, ainsi que Béatrice, Marie, Bérengère, et moi-même. Tous nous avions bénéficié, avant que le covid puis la guerre n’en paralysent l’élan, des « Instituts d’été » de Kiev ou de Lichnya, où conférenciers et étudiants, ukrainiens, français, italiens, belges, russes, partageaient leur réflexion et leurs attentes sur des thèmes comme la dignité, l’éducation, la mémoire… : des thèmes dont l’actualité politique du pays faisait autant d’actes de résistance spirituelle.
Le fruit de Taizé ? « Ici j’ai pu pleurer pour la première fois depuis le 24 février », nous a dit Olena. Et nous avons chanté dans la langue de la confiance, qui transcende et fonde toutes les autres, le chant de Taizé créé par le compositeur ukrainien Silvestrov : « Réjouis-toi, terre, Dieu a consolé son peuple. »
Marguerite
