L'unique voie pour la paix
Témoignage d'Alexandra Héliot, sfx
« Je le répète à haute voix : ce n'est pas la culture de l'affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c'est l'unique voie pour la paix. » (Pape François, 1er septembre 2013)
Cette phrase du pape François exprime merveilleusement ce que nous tentons de faire
depuis 4 années à travers les camps d'été en Israël dont le titre n'est autre que « Poursuivre la Paix »... Il s'agit bien d'ailleurs de poursuivre... Nous savons que c'est un réel travail et que cela ne se fait pas, tout d'abord, facilement et, ensuite, en peu de temps.
La communauté apostolique Sant-François-Xavier a pour charisme fondateur l'éducation. Madeleine Daniélou en son temps, en 1913, a perçu l'importance du rapport entre la culture et la foi.
Le Pape François insiste sur une culture qui construit un peuple, des peuples et qui les ouvre à la rencontre et au dialogue : c'est là toute l'œuvre d'une éducation !
C'est ce que nous tentons de faire dans un premier temps en partant en Israël.
Les 10 jours de camp à Ramallah avec des enfants palestiniens nous donnent l'occasion de les ouvrir à la différence. Il s'agit d'un camp pour apprendre la langue française. Il faut donc accepter de s'ouvrir à une culture et un langage autre... ce qui n'est pas si simple pour tous... Les conflits peuvent exister entre jeunes au cours des jeux ou activités proposés mais aussi avec les adultes. Exemple d'une jeune, Lamar, qui s'étant opposée assez vigoureusement avec un des adultes en le marquant par l'usage de la langue anglaise, a fini par revenir vers lui et lui dire « Moi aimer toi », en français dans le texte !
Nous pouvons faire vivre cela dans la mesure où, entre nous, nous vivons également une véritable culture du dialogue dans la différence de nos états de vie et de nos milieux sociaux. Ce qui nous lie en profondeur ce sont ces moments de prières que nous prenons ensemble matin et soir, mais également ces échanges informels des uns avec les autres au cours de nos journées.
Découvrir la réalité palestinienne ne suffit pas si nous voulons en vérité entrer en dialogue avec ce pays qu'est Israël et tenter, à notre toute petite mesure, d'y faire œuvre de paix. Ainsi dans la semaine qui suit nous tâchons d'appréhender les différentes réalités du judaïsme en séjournant à Jérusalem. Nous prenons le temps de rencontrer des hommes et des femmes, d'entrer dans leur histoire, de participer à leur temps de prière à la synagogue, de vivre chez eux un shabbat... Bref, d'entrer un peu dans la vie d'une famille juive.
A la fin de ce séjour, nous n'avons pas fait œuvre immédiate de paix, au sens où nous n'avons pas mis un palestinien face à un juif pour qu'ils se serrent la main. Je reviens même souvent écartelée, à l'image du Christ sur la Croix en constatant que la paix est un bien précieux qui nécessite encore bien des efforts pour qu'elle advienne.
Et pourtant, je reviens aussi toujours avec trois convictions portées dans ma prière :
- Le désir que ces frères que sont les juifs et les palestiniens se retrouvent en vérité
- La certitude qu'il y a des acteurs de paix des deux côtés qui travaillent sans bruit mais qui travaillent
- La conviction qu'il faut poursuivre l'œuvre d'éducation où que nous soyons car tout ce qui est accompli dans la vérité travaille pour un monde paix.
Du pape François : « À Marie, nous demandons de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du dialogue, de la réconciliation et de l'amour. Elle est mère : qu'elle nous aide à retrouver la paix ; nous sommes tous ses enfants ! Aide-nous, Marie, à dépasser ce moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie pour nous ! »
L'engagement que nous prenons à un moment de notre vie est à vivre dans le quotidien : construire chaque jour ! Demandons au Seigneur de nous donner cette force dont parle le Pape François, force de dialogue, de réconciliation et d'amour. Que nous sachions en vivre dans le quotidien de nos vies car lorsque nous agissons pour la paix là où nous sommes nous la faisons advenir bien au-delà des frontières !
Alexandra Héliot, sfx.
Témoignage cathédrale de Pontoise
7 septembre 2013