Je ne vais quand même pas lui apporter du chocolat ! Encore que, à son âge, dans la solitude de sa maison de retraite…
Finalement j’opte pour un petit savon Roger-Gallet, parfumé à la lavande. Je le lui tends, en disant Parfume-toi la tête et lave-toi le visage ! Rires… Joie de la rencontre, joie de la Parole de Dieu partagée. Ce sera un carême de joie. Sois joyeuse ! Laetare, Jérusalem !
Mais je pense déjà à la semaine de la Passion. D’avance je la redoute, elle me fait peur… Jésus entra librement dans sa passion. Et moi ?
[Les années ont passé : son corps a vieilli...]
Je la regarde, abandonnée dans son fauteuil, mais libre, souriante, offerte… Je n’arrive même plus à prier, dit-elle doucement. (Elle ne rit plus, elle sourit)
Et je comprends que le Christ est bien là, dans cette pauvreté, dans cet abandon… Et moi, je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Je le sens très fort. En est-elle consciente ? Peut-être, mais confusément, comme à travers un voile... C'est là que j'essaierai de la rejoindre.
Je repars apaisée, vers la vie, avec ma jeunesse, ma santé, ma liberté, l’avenir qui ne m’appartient pas… Elle, elle n'a pas besoin de méditer sur la Passion, elle la vit. A sa façon, dans son offrande.
Montée vers Pâques.
Marie-Christine