A qui demande un service, par les temps qui courent, il est gentiment répondu : « Pas de souci, ça ne me dérange pas ! » Souvent simple formule de politesse amicale pour vous mettre à l’aise, sans aucun doute. Or soudain me traverse une pensée incongrue : qu’en serait-il si cela dérangeait ?
Cette sollicitation aurait-elle été malséante ou bien aurait-elle essuyé un refus ? Servir à ses dépens ? Non seulement rendre tel ou tel service, même coûteux, mais se mettre au service[i] des uns, qui trouveront cela tout simplement normal, ou d’autres, qui ne s’en apercevront pas ou qui ne penseront pas à dire merci, mais en qui se révèle pour nous le visage d’un Autre… Or quand un apôtre ne peut dire Celui qui l’envoie, il lui est toujours offert de témoigner que Dieu vient à nous humblement, « comme celui qui sert » (Lc 22, 27).
Nous voici renvoyés à interroger notre propre disponibilité à entrer dans cette béatitude du service à laquelle le Christ nous invite quand, au soir du jeudi saint, il ceint lui-même le tablier du serviteur : « Heureux êtes-vous si vous le faites ! » (Jn 13,17)
Sabine Laplane
[i] La formule de notre vœu de consécration inspirée à Madeleine Daniélou puis reconnue et encouragée par l’Église en août 1915, nous fait nous engager chacune au « service de [nos] frères » pour toujours.