« Vous n’êtes plus à vous-mêmes », dit Saint Paul. L’élection du Pape François a été suivie de bien des signes marquants et très médiatisés mais, je le crains, bien vite oubliés. On voit tellement d’images ! Et puis, quand on vit, comme moi, dans un contexte culturel totalement différent, les photos perdent de leur force d’interpellation. Ça se passe ailleurs. Dans un autre monde ?
Ce qui m’a marquée personnellement et continue de m’habiter est d’un tout autre ordre. J’ai réalisé brusquement que, chargé de guider et de garder dans l’unité l’Eglise universelle, catholique, où se côtoient tant de cultures différentes, le cardinal Bergoglio ne pouvait même pas retourner chez lui, dans sa chambre de Buenos Aires, pour y prendre ses affaires. Devenir un homme à l’écoute et au service de chacun de ses frères si nombreux et si divers, suppose d’être prêt à quitter les références particulières sur lesquelles on s’appuie quotidiennement pour se situer dans la réalité sociale.
Comme parents et comme éducateurs, nous avons à permettre aux jeunes d’avoir de bons diplômes, des atouts pour réussir dans un monde où règne la loi de la concurrence. Mais nous avons aussi à leur faire découvrir la joie de faire de toutes ces compétences non pas des forteresses pour défendre et valoriser ses acquis mais des clés pour comprendre et accueillir l’autre, en commençant par le plus proche.
Marie avait tout préparé pour accueillir l’enfant à Nazareth mais les aléas de la politique internationale ont fait naître son fils dans une autre ville dans une mangeoire d’animaux où l’ont reconnu des bergers et des sages d’Orient...
Hélène Lebrun, communauté de Séoul